mardi 23 octobre 2007

Les pieds dans les plats vous dites?

Comme je l'ai mentionné dans mon message précédent, la première histoire que je mets ici est en lien avec un billet que Yan (Cyberyan) avait mis sur son propre blog un peu plus tôt ce soir. Pour vous mettre un peu dans le contexte, il contait une situation où il aurait préféré disparaître. Voulant faire sourire une amie en jouant la carte du gars frustré, il s'est royalement mis un pied dans la bouche. Si vous voulez l'histoire exacte, je vous suggère d'aller le lire directement sur son blog, si ce n'est pas déjà fait. En lisant cette petite anecdote de sa part, ça m'a rappelé une fois où j'aurais aussi préféré retourner en arrière pour défaire ce que je venais de faire. Voici donc cette petite anecdote de ma vie.

Il y a de ça déjà maintenant 6 ans, je commençais à travailler pour la compagnie pour laquelle je travaille encore aujourd'hui, mais dans un tout autre département. À l'époque, je commençais dans le domaine de la vente, dans un petit Kiosque à vendre des cellulaires. Comme plusieurs le savent déjà, on doit suivre un script de vente qui nous est imposé par l'entreprise, et ça fonctionne comme ça dans pas mal tous les domaines de vente au détail. Dans le nouveau modèle qu'on vient de nous implanter, il y a différentes étapes à suivre et une d'elle est de faire une commentaire "x" non relié à la vente, mais en lien avec notre client à ce dit client. Vous savez, du genre:

- Vous avez un beau manteau, où l'avez vous pris?

ou encore

- Ouais, on est vraiment chanceux depuis les derniers jours, on a vraiment une belle température dehors. Est-ce que vous en avez profité un peu?

Le genre de commentaire qu'on a tellement pas l'air convaincu et vraiment loin d'être naturel. Le client est pas stupide, il le voit bien que tu t'en fou réellement, peu importe ce qu'il te répondra.

Donc, je ne suis vraiment pas fervente de cette nouvelle approche qu'on veut nous demander, mais j'ai pas le choix, si je me fait évaluer par un acheteur mystère et que je ne l'ai pas fait, je vais me faire taper sur les doigts pour pas avoir fait mon travail comme il faut, pas grave si j'ai quand même fait ma vente en bout de ligne, j'ai pas mon 100% dans mon évaluation... En tout cas, j'ai pas besoin de vous en dire plus pour que vous sachiez comment je me sentais face à ceci.

Me voilà donc, dans le petit kiosque avec mes collègues à jaser quand un client approche pour regarder les différents téléphones. Je m'approche donc de lui et le salue. Jusque là, pas de problème, tout se passe bien. Je continue donc à discuter avec lui, pose des questions afin de pouvoir identifier clairement ses besoins, tant pour l'appareil qui lui conviendra le mieux, que pour déterminer le forfait qui sera à sa mesure. Tout se passe très bien.

Sur le comptoir du kiosque, sous la vitre, il y a les listes de nos forfaits et entre moi et ces listes, il y a les petits supports avec les différents téléphones. Donc en discutant avec lui, chacun notre tour, on pointe différentes informations sur les listes et on "joue" avec les différents modèles de téléphones, ce qui me donne l'occasion de remarquer que ce jeune homme devant moi a une bague à un de ses doigts. Lequel, je ne me souviens plus maintenant, mais, tout ce que je remarque, c'est en fait que le modèle me plaît bien. Je le trouve sincèrement belle. Pour une fois, que je trouve quelque chose à dire qui n'est pas en lien avec la vente et qui est sincère. Je me lance

- Hey, je viens de remarquer votre bague. Elle est vraiment belle. J'aime le style...

Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'il change complètement d'air. Il passe d'un jeune homme relativement joyeux à un silence de tombe et devient presque translucide tellement il devient blême. Avant même que je puisse redire quoi que ce soit, il avait quitter le kiosque, sans même dire un mot. Il avait pris la direction d'un bans à quelques mètres de là.

Je me sens vraiment mal, je regarde discrètement en sa direction pour le voir se frotter les tempes et les yeux. Il semble pleurer. Rien pour me faire sentir mieux. Je me retourne donc vers mes collègues, et je leur dit:

- Je déteste vraiment cette nouvelle approche, quand tu as pas l'air complètement twit tellement que tu n'es pas sincère, voilà ce qui arrive, tu fais fuir les clients...

Je suis vraiment décourager. Je ne sais pas trop ce que j'ai pu dire pour qu'il réagis, je ne comprends vraiment pas comment un commentaire pour dire que j'aime sa bague puisse avoir fait tant de dommage... Environ 5 à 10 minutes plus tard, le client revient et s'approche de moi et s'excuse de sa réaction, et m'explique qu'il n'a pu retenir sa réaction, car le tout est encore trop récent. Il m'explique alors que la raison de sa réaction est simplement le fait que cette bague appartient à sa meilleure amie... Malheureusement, celle-ci n'est plus de ce monde. Quelques semaines plus tôt, les autorités l'avait retrouvé morte en Colombie-Britanique.

Vous pouvez comprendre maintenant comment je pouvais me sentir... Un commentaire qui nous parait parfois si banal peut toucher quelqu'un beaucoup plus que ce qu'on peut imaginer.

1 commentaire:

Cyberyan a dit...

Excellent billet :o) Tu pars fort!

Je sais très bien comment tu as pu te sentir. D'autant plus que ta remarque, bien que sincère, fut en quelque sorte imposée par ton employeur. Les chances qu'un tel contexte survienne sont extrêmement minces. Ça ajoute à notre sentiment d'avoir été très con :o/